Cette année, nous avons perdu un de nos mathématiciens émérites, puisque Monsieur « Gauss » a envoyé sa lettre de démission début 2005. Aussi en cette époque de deuil, évoquons, si vous le voulez bien, les bienfaits de son passage à la Soucoupe, en citant quelques gestes qui auront sans doute marqué les esprits.
Tout d'abord, nous aimerions remercier Monsieur Gauss de nous avoir réservé la primeur de son remarquable polycopié de cours, une œuvre conséquente, épaisse d'une centaine de pages bien tassées. Il est vrai que les années précédentes, les étudiants n'avaient pas eu autant de chance. Par ailleurs, comme Pascal Gauss nous annonçait avoir rédigé un polycopié de ses cours, complet et détaillé, il a insisté, dès le début de son enseignement, sur le fait qu'il serait inutile de prendre des notes. Habitués à gratter comme des forcenés pendant les cours magistraux, nous avons donc accueilli avec satisfaction cette heureuse disposition, d'autant que Monsieur Gauss manipule la craie avec une rare vélocité. D'ailleurs, cette année, il lui aura préféré une présentation par vidéoprojecteur, ce qui, en l'absence d'autre support pédagogique, nous a permis d'avoir un aperçu de ses démonstrations !
Il est toutefois dommage que son polycopié se soit longtemps fait attendre, puisque le premier jet n'est venu qu'au bout de 8 semaines, pendant lesquelles, étant donné les instructions de leur professeur, les étudiants n'ont pas eu de traces écrites. Certains sont pourtant allés le voir, et peu après, Pascal Gauss a changé d'avis pour dire à ses élèves qu'ils devraient prendre des notes. Finalement, Monsieur Gauss a quand même fini par nous donner un premier volume, 5 jours avant le premier contrôle : pour les étudiants, la bagatelle de 75 pages à ingurgiter... Et pour terminer, nous avons reçu le deuxième volume, seulement 2 jours avant l'examen suivant... Bien sûr, le résultat était au rendez-vous ! Voici les chiffres du contrôle n°2 : moyenne de promotion = 3, écart type = 3. 66 élèves sur 111 entre 0 et 3 ! 37 entre 0 et 1 !
Souvenons-nous aussi de Monsieur Gauss comme l'homme des mystères : au sommaire de sa présentation, le « Mystère des Nombres Complexes », le « Mystère des Rayons de Convergeance », le « Mystère des Fonctions Analytiques », ... Il faut dire que sa matière, en plus d'être « complexe », est souvent restée mystérieuse... Rappelons-nous cette fameuse conclusion qui termina une de ses démonstrations au tableau : "Je pense que c'est bon... Modulo l'erreur !" De quoi remédier à une inspiration défaillante un jour d'examen...
Pascal Gauss, c'était également un orateur confirmé. Il savait s'adresser aux gradins des amphithéâtres : « Si vous voulez parler, vous avez la vastitude du monde extérieure. » (dixit) En fait, voyant que nous ne partirions pas, c'est lui qui s'en est allé la contempler...